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5MPP #10: Europe
Si vous ne la connaissez pas encore, laissez-moi faire les présentations : Europe est la sixième lune de Jupiter (en partant de Jupiter) et est également la sixième plus grande lune de notre système solaire.

Avec ses 3126,6 kilomètres de diamètre et sa croûte de surface visiblement très jeune, à la vue du faible nombre de cratères d'impacts à sa surface, Europe est loin d'être une lune morte, comme la nôtre par exemple, bien au contraire.
Vous aurez déjà très probablement remarqué les nombreuses rayures qui composent sa surface.
Elles sont le signe d'une activité interne relativement intense, voir même d'une forme de tectonique des plaques en surface, assez semblable à la tectonique des plaques présente sur terre.
La grosse différence avec la terre, c'est qu'ici, il s'agit de plaques de glace glissant sur un possible océan d'eau liquide.
Mais on en reparlera dans quelques lignes.
Autre phénomène intéressant : les plaques de glace constituant la surface d'Europe se déplacent en désaccord avec la rotation de son noyau, ce qui, en vous passant les détails, semble indiquer la présence d'un océan d'eau liquide, à plus de 100 kilomètres sous la surface.
Les dernières analyses des données de la sonde Galileo, qui étudia Jupiter et ses lunes de 1995 à 2003, ont démontré la présence de geysers d'eau, signe d'un noyau probablement relativement chaud.
Noyau qui est chauffé d'une part par les radiations de Jupiter, mais également par l'effet de marée, provoqué par Jupiter, que la lune subit.
Mais ces analyses ont également montré l'existence d'un champ magnétique provenant d'Europe. Celui-ci est extrêmement faible, mais donne cependant de bons indices quand au noyau (liquide, métallique etc).
Mais la détection de ce champ magnétique à une importance assez inattendue: ses différentes variations semblent indiquer la présence d'une couche conductrice dans les entrailles d'Europe. Couche conductrice très semblable à un océan d'eau salée.
Autre point intéressant: si Europe dispose d'un océan d'eau liquide, celui-ci doit être relativement chaud, comparé à la température de la surface d'Europe (qui est de -148 degrés Celsius approximativement) la température de cet océan tournant probablement autour des 0°C.
Cependant, si c'est le cas, cette température peut s'avérer assez chaude pour permettre le développement d'une forme de vie, aussi primitive soit-elle.
Jusqu'il y a peu, la glace d'Europe était considérée comme parfaitement hermétique, même à la lumière, primordiale à la vie telle que nous la connaissons. D'accord, il existe dans nos océans des formes de vie pouvant survivre sans lumière, mais elles dépendent directement de la biodiversité plus proche de la surface, ou la lumière passe.
Hors, les geysers, dont nous parlions il y a quelques lignes, sont la preuve de fracturations de cette glace. Si ces fractures sont assez durables dans le temps, et assez grande, elles peuvent peut-être permettre l'apparition de forme de vie extrêmophile primitive.
Mais les geysers ne sont pas les seuls découvertes de la sonde Galileo. Celle-ci a mise à jour des traces de composés organiques basiques, permettant de disposer des "briques" du vivant.
Cependant, il existe également un autre scénario, quant à lui beaucoup moins joyeux : les différents phénomènes observés à la surface d'Europe s'expliquent également par la présence d'une couche de glace liquide (oui, c'est possible, dans des conditions bien précises), qui aurait donc les mêmes propriétés que cet océan, tout en étant relativement stérile.
Cependant, même avec un océan de glace liquide, l'apparition d'une forme de vie primitive n'est pas impossible. Même sur terre, les conditions précises d'apparition de la vie restent floues et de potentielles zones ayant une température plus élevée, donc ayant possiblement de l'eau liquide, peuvent également exister.

Déterminer les conditions précises qui règnent dans les entrailles d'Europe, ce sera le travail de JUICE (JUpiter ICy moons Explorer, de l'ESA) et d'Europa Clipper, de la NASA, qui seront toutes les deux lancées courant de la décennie 2020.
ces deux missions auront comme tâche d'étudier les lunes glacées de Jupiter. là où Europa Clipper se focalisera sur Europe, JUICE étudiera quant à elle aussi bien Europe que Ganymède et Callisto.

En attendant, les conditions précises qui règnent au cœur de cet océan restent très difficile à déterminer, principalement à cause du peu d'informations quant à l'épaisseur de cette couche de glace qui recouvre Europe.
En effet, de l'épaisseur de cette couche de glace, dépend directement la pression et donc l'état (liquide / glacé / glace liquide) de l'océan.
D'autre part, Europe dispose également d'une très faible atmosphère, principalement constituée d'oxygène. En des quantités ridiculement basses, mais c'est toutefois la preuve que ce gaz est également présent dans les entrailles d'Europe, un élément utile à la vie telle que nous la connaissons, donc.


Dernière mise à jour le: 01/01/1970 00:00